Tout chercheur, que ce soit dans les domaines de la science ou de la technologie, devrait légitimement se poser la question de savoir quels seront les aboutissements de ses découvertes, leurs applications, l’usage qu’en feront ceux pour qui il œuvre; les nuisances qu’elles risquent de produire. Celia Izoard, par ailleurs traductrice de la nouvelle édition de 1984 de George Orwell paru chez Agone en 2021, croit distinguer ici un problème d’importance qui devrait interpeller tout un chacun. Celui d’un « agir sans conscience » ayant pris place dans l’ordre mondialisé du capitalisme où prédomine l’exigence du profit; aux dépens de toutes autres priorités. La « division du travail » ayant certainement facilité cet abandon de toute réflexion éthique sur le fruit de ses œuvres et quelques soient leurs nuisances finales. « Ce n’est pas moi, ce n’est pas ce que je voulais et je n’y suis pour rien … » Tiens, la faute à qui alors ?
En 1969, déjà, furent poser les termes de ce dont, avec ce petit livre, nous avons l’illustration contemporaine. Avec, toutefois, un élément complémentaire qui s’est si l’on peut dire universalisé : l’irresponsabilité assumée.

De la même façon que l’industrie, destinée à libérer les hommes du travail par les machines, n’a fait jusqu’à présent que les aliéner au travail des machines, la science, destinée à les libérer historiquement et rationnellement de la nature, n’a fait que les aliéner à une société irrationnelle et anti-historique.
Mercenaire de la pensée séparée, la science travaille pour la survie, et ne peut donc concevoir la vie que comme une formule mécanique ou morale. En effet, elle ne conçoit pas l’homme comme sujet, ni la pensée humaine comme action, et c’est pour cela qu’elle ignore l’histoire comme activité voulue, et fait des hommes des « patients » dans ses hôpitaux.
Fondée sur le mensonge essentiel de sa fonction, la science ne peut que se mentir à elle-même. Et ses mercenaires prétentieux ont conservé, de leurs ancêtres prêtres, le goût et la nécessité du mystère. Partie dynamique dans la justification des États, le corps scientifique garde jalousement ses lois corporatives et les secrets du « Machina ex Deo » qui en font une secte méprisable.
(…) L’impossibilité actuelle de la recherche et de l’application scientifique sans des moyens énormes, a mis dans les mains du pouvoir la connaissance, concentrée spectaculairement, et l’a dirigée vers les objectifs d’État.
Il n’y a aujourd’hui plus de science qui ne soit au service de l’économie, du militaire et de l’idéologie.
Et la Science de l’idéologie nous montre son autre côté, l’idéologie de la Science
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Internationale Situationniste N° 12 – 9/1969

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