Hommage à George Orwell

George Orwell est un homme qui symbolise parfaitement l’engagement conjointement à l’honnêteté intellectuelle.

Dans son cas, ce fut l’engagement de toute une vie. Avec dans un premier temps, le constat des conséquences désastreuses du colonialisme britannique durant son séjour en Birmanie (1922-1927). Puis, dès son retour en Europe (en 1927), l’expérience vécue des méfaits inhumains du capitalisme à l’œuvre.  Dès lors son engagement personnel au coté des révolutionnaires, dans la guerre sociale en Espagne en 1937, s’imposa comme allant de soi.

C’est suite à cette expérience espagnole, si importante historiquement, et où il assista en direct au sabotage de cette révolution par le parti dit communiste, qu’il prit pleine conscience de la dangerosité du totalitarisme stalinien, comprit sa nature profondément antirévolutionnaire et entreprit dès lors de le combattre conjointement au totalitarisme nazi qui menaçait alors toute l’Europe.

Proche pour sa part d’un socialisme libertaire, Orwell ne chercha jamais à tirer aucun profit personnel de cet engagement  et jusqu’au bout il tenta de trouver une cohérence à son action, sans mensonges et sans renoncements. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui peuvent en dire autant.

La raison principale tient au fait que cet engagement ne fut pas conditionné par une idéologie quelconque mais par la profonde croyance d’Orwell en un devenir humain digne de ce nom.

Pour connaître Orwell, il ne faut pas s’arrêter à 1984 car c’est en lisant son œuvre préalable, en ses dimensions diverses, que l’on comprend le sens qu’il voulu donner à ce livre.

Ce qui fait que les gens de mon espèce comprennent mieux la situation que les prétendus experts, ce n’est pas le talent de prédire des événements spécifiques, mais bien la capacité de saisir dans quelle sorte de monde nous vivons. La liberté consiste à pouvoir dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre.

Dans la dèche de Paris à Londres   (1933)

Personne ne s’inquiète de savoir si le travail est utile ou inutile, productif ou parasite. Tout ce qu’on lui demande, c’est de rapporter de l’argent.

Si vous parlez à un riche n’ayant pas abdiqué toute probité intellectuelle de l’amélioration du sort de la classe ouvrière, vous obtiendrez le plus souvent une réponse du type suivant :  Nous savons bien qu’il n’est pas agréable d’être pauvre ; en fait, il s’agit d’un état si éloigné du nôtre qu’il nous arrive d’éprouver une sorte de délicieux pincement au cœur à l’idée de tout ce que la pauvreté peut avoir de pénible. Mais ne comptez pas sur nous pour faire quoi que ce soit à cet égard. Nous vous plaignons – vous, les classes inférieures – exactement comme nous plaignons un chat victime de la gale, mais nous lutterons de toutes nos forces contre toute amélioration de votre condition. Il nous paraît que vous êtes très bien où vous êtes. L’état des choses présent nous convient et nous n’avons nullement l’intention de vous accorder la liberté.

Une histoire birmane     (1934)

Du rêve oriental au cauchemar colonial
Dès ce premier ouvrage, Orwell se montre fin portraitiste de la réalité sociale. Ici, le colonialisme anglais dans la Birmanie de l’après première guerre mondiale.
Portrait peu flatteur mais certainement très lucide, qui montre le caractère profondément corrupteur des esprits de cette forme de la domination.
On en apprend plus dans ce roman, sur certaines des racines psychologiques de la domination marchande, que dans beaucoup de laborieux livres d’histoire et de sociologie.
On ignore généralement qu’Orwell est né en Inde où son père appartenait à l’administration coloniale et que même s’il revint très vite en Angleterre où il fit ses études, couvait en lui dans sa jeunesse des rêves d’orient. Pour accomplir ce rêve, il n’hésita pas à prendre l’uniforme et fut affecté à la police impériale en Birmanie.
Ce roman rend fort bien compte de la hauteur de sa déception et de sa prise de conscience de la terrible médiocrité et mesquinerie de la vie coloniale et de la nuisance de l’impérialisme britannique. Prise de conscience qui fut certainement fondatrice de son évolution et de ses choix ultérieurs. C’est donc bien à partir de sa propre expérience qu’Orwell décrit cet univers sclérosé où frustration et racisme vont de pair et qui contenait en lui-même sa propre destruction. Ce que cet ouvrage paru en 1934 annonçait déjà assez clairement.

Beaucoup de gens ne sont à l’aise dans un pays étranger que s’ils en méprisent les habitants.

Une fille de pasteur   (1935)

Fille unique, Dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d’une petite paroisse du Suffolk. Frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l’existence des déshérités, des clochards de Londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. Mais, à mesure que la mémoire lui revient, Dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d’aspirer à une autre vie ?  Avec une lucidité et une acuité implacables, Orwell dépeint l’hypocrisie, la pauvreté et la misère spirituelle qui vont accompagner Dorothy dans son odyssée à travers l’Angleterre des années 1930.

La main droite de M.Warburton parcourut paresseusement le haut de son bras (Dorothy). Une chose était très révélatrice, très caractéristique dans la manière dont il s’y prenait : c’était le toucher appréciateur, insistant d’un homme pour qui le corps d’une femme a exactement la même valeur que quelque chose à manger.

Et vive l’Aspidistra !   (1936)

À travers l’histoire de la descente aux enfers de Gordon Comstock puis de sa rédemption, la satire du monde où l’argent a remplacé le divin et celle de la révolte individualiste et négative. Armé d’un humour corrosif, Orwell dénonce et ridiculise le conformisme de l’English Way of Life tel que le conçoit pour son salut un personnage qu’il traite pourtant avec tendresse. L’humanisme sans concession d’Orwell atteint ici le lecteur au plus profond de sa conscience.

Le premier effet de la pauvreté, c’est qu’il tue la pensée. Il comprit soudainement, comme si c’était une nouvelle découverte, qu’on n’échappe pas à l’argent en n’en ayant pas … « 

La vue de tous les types de son entourage, surtout des plus âgés, le mettait au supplice. Voilà ce que l’on devenait, à adorer le Dieu Argent ! S’établir, faire son chemin, vendre son âme pour une petite maison de banlieue et un aspidistra !

Le quai de Wigan   (1937)

Peu avant d’aller prendre part à la guerre civile espagnole, George Orwell fait un reportage au cœur du pays minier anglais, où se trouve Wigan. Ce décor de terrils, de montagnes de boue, de cendres et de suie symbolisant la laideur de la grande industrie, va lui inspirer ce récit.  

Il est très facile d’imaginer une classe moyenne financièrement poussée dans ses derniers retranchements et n’en demeurant pas moins farouchement hostile à la classe ouvrière : et vous avez là un parti fasciste tout trouvé.  

Le mot « chômage » était sur toute les lèvres. C’était plus ou moins nouveau pour moi, après la Birmanie, mais les radotages de la classe moyenne (« Ces sans-emplois sont inemployables », etc.) ne m’abusèrent pas. Je me suis souvent demandé si ce genre de choses abusait même les crétins qui les prononçaient. D’un autre côté, je ne m’intéressais pas à l’époque au socialisme ou à toute autre théorie économique. Il me semblait alors – il me semble parfois aujourd’hui – que l’injustice sociale s’arrêtera quand nous voudrons qu’elle s’arrête, pas avant. » 

Hommage à la Catalogne  (1938)

La guerre d’Espagne à laquelle Orwell participa en 1937 fut un moment décisif dans sa trajectoire. Engagé dans les milices du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), le futur auteur de 1984 connaît la Catalogne au moment où le souffle révolutionnaire abolit toutes les barrières de classe.

L’habituelle division de la société en classes avait disparu dans une mesure telle que c’était chose presque impossible à concevoir dans l’atmosphère corrompue par l’argent de l’Angleterre ; il n’y avait là que les paysans et nous, et nul ne reconnaissait personne pour son maître.  Nous avons respiré l’air de l’égalité.

Ces quelques mois passés dans les milices ont été pour moi d’un grand prix. Car les milices espagnoles, tant qu’elle existèrent, furent une sorte de microcosme d’une société sans classes. Cette communauté où personne ne poursuivait un but intéressé et où personne ne léchait les bottes à quelqu’un.

Il est des cas où il vaut mieux être vaincu après avoir lutté que de ne pas lutter du tout.

L’un des traits les plus abominable de la guerre, c’est que toute la propagande de guerre, les hurlements et les mensonges et la haine, tout cela est invariablement l’œuvre de gens qui ne se battent pas.

Le gros agent russe retenait dans les encoignures, l’un après l’autre, tous les réfugiés étrangers pour leur expliquer de façon plausible que tout cela était un complot anarchiste. Je l’observais, non sans intérêt, car c’était la première fois qu’il m’était donné de voir quelqu’un dont le métier était de répandre des mensonges – si l’on fait exception des journalistes, bien entendu.

Tôt dans ma vie, j’ai remarqué qu’aucun événement n’avais jamais été relaté avec exactitude dans les journaux; mais en Espagne, pour la première fois, j’ai lu des articles de journaux qui n’avaient aucun rapport avec les faits, ni même l’allure d’un mensonge ordinaire. J’ai vu l’histoire rédigée non pas conformément à ce qui s’était réellement passé, mais à ce qui était censé s’être passé selon les diverses « lignes de parti ».

Un peu d’air frais  (1939)

Pourquoi  ne faisons nous pas les choses que nous voudrions faire. Ce n’est pas que nous soyons perpétuellement pris par le travail, c’est parce qu’il y a en nous je ne sais quel démon qui sans fin nous pousse à répéter les mêmes inepties. On trouve du temps pour tout, excepté pour ce qui vous intéresse vraiment.

Dans le ventre de la baleine  (1940) et autres essais (1931-1943)

Au sujet de la classe dirigeante britannique : Pour comprendre le fascisme, elle aurait dû étudier la théorie socialiste, ce qui l’aurait obligée à admettre que le système économique qui la faisait vivre était injuste, inefficace et périmé. Mais c’était précisément sur cette réalité qu’elle s’employait à fermer obstinément les yeux.

(…) Des années d’agression et de massacres ne lui apprirent qu’une chose : Hitler et Mussolini étaient hostiles au communisme. Ils étaient donc, raisonnait-on, les alliés naturels du rentier britannique. D’où le spectacle proprement terrifiant de députés conservateurs applaudissant frénétiquement à l’annonce que des navires britanniques chargés de vivres destinés au gouvernement républicain espagnol avaient été bombardés par des avions italiens.

Le plus honnête serait peut-être de commencer par envisager la question sous l’angle personnel.
Je suis écrivain. La tendance instinctive de tout écrivain est de « se tenir à l’écart de la politique ». Tout ce qu’il demande, c’est qu’on lui laisse la paix pour qu’il puisse continuer à écrire tranquillement ses livres. Malheureusement, on commence à comprendre que cet idéal n’est pas plus réalisable que celui du petit commerçant qui espère préserver son indépendance face aux appétits voraces des magasins à succursales.

Chroniques du temps de la guerre   1940-1943

« Les chroniques de guerre prouvent qu’Orwell, du fait de ses fonctions, connaissait à fond, et d’un point de vue très technique, les mécanismes de la propagande fasciste : cette connaissance, il la mit largement à profit , tant dans La ferme des animaux que dans 1984, où slogans simplistes, contre-vérités flagrantes, revirement subits et autres artifices cousus de fil blanc, mais serinés sans trêve ni répit, finissent par conditionner les masses. »

INTERVIEW IMAGINAIRE DE JONATHAN SWIFT
ORWELL : Mais en considérant le monde dans son ensemble, estimez-vous que l’être humain continue à se comporter en Yahoo ?
SWIFT : J’ai bien regardé les gens de Londres en venant ici, et je puis vous assurer que je n’ai pas remarqué de différence notable, (…), de mornes immensités de briques et de ciment, où sont parqués les Yahoos.

À ma guise chroniques 1943-1947

« Écrites chaque semaine entre 1943 et 1947 pour un journal de la gauche radicale anglaise, ces quatre-vingts chroniques sont des conversations familières. Qu’Orwell y parle des bombes volantes qui s’abattent sur Londres ou de ses rosiers grimpants, des écrivains qu’il aime ou des idéologues qu’il combat, on y entend sa voix singulière. Contre l’arrogance des dominants, les mensonges des propagandes et la barbarie qui menace, il y défend le sens du réel et la décence commune : la possibilité d’une société égalitaire et libre, enfin humaine. »

Essais, articles, lettres  1920-1940

1937 – Quand j’ai quitté Barcelone, à la fin du mois de juin, les prisons étaient pleines. En fait, elles étaient même depuis longtemps surpeuplées et l’on entassait les prisonniers dans des magasins inoccupés ou tout autre lieu de détention de fortune. Ce qu’il faut toutefois noter, c’est que les gens emprisonnés ne sont pas des fascistes, mais des révolutionnaires : ils sont là non parce que leurs opinions sont trop à droite, mais parce qu’elles sont trop à gauche. Et ceux qui les ont mis là sont les communistes.

Ce qui me pousse au travail, c’est toujours le sentiment d’une injustice, et l’idée qu’il faut prendre parti. Quand je décide d’écrire un livre, je ne me dis pas : « Je vais produire une œuvre d’art. » J’écris ce livre parce qu’il y a un mensonge que je veux dénoncer, un fait sur lequel je veux attirer l’attention, et mon souci premier est de me faire entendre.

Essais, articles, lettres  1940-1943

Le totalitarisme ne se contente pas de vous interdire d’exprimer – et même de concevoir – certaines pensées : il vous dicte ce que vous devez pensez, il crée l’idéologie qui sera la vôtre, il s’efforce de régenter votre vie émotionnelle et d’établir pour vous un code de comportement. Il met tout en œuvre pour vous isoler du monde extérieur, vous enfermer dans un univers artificiel où vous n’avez plus aucun point de comparaison. L’État totalitaire régit, ou en tout cas essaie de régir, les pensées et les sentiments de ses sujets au moins aussi complètement qu’il régit leurs actes.

Essais, articles, lettres  1943-1945

Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment.

Il est inutile, je pense, de vous énumérer les divers aspects du capitalisme qui rendent la démocratie impraticable.

L’idée que le Parlement n’a plus guère d’importance est à présent très répandue. Les électeurs sont conscients de n’exercer aucun contrôle sur les députés.

Sans doute est-il possible d’établir la vérité, mais la plupart des journaux présentent les faits de façon si malhonnête que l’on peut pardonner au lecteur moyen de se laisser berner ou de ne pas parvenir à se former une opinion. Cette incertitude générale quant à la réalité des faits favorise le désir de se cramponner à des convictions irrationnelles. Rien n’étant jamais ni avéré ni démenti de façon indiscutable, on peut tout aussi bien nier avec impudence le fait le plus évident.

Un écrivain est inévitablement amené à écrire (et cela vaut, avec des réserves plus ou moins importantes, pour tous les arts) sur les événements contemporains, et il sera spontanément porté à dire ce qu’il croit être la vérité. Mais aucun gouvernement, aucun grand organisme n’est disposé à le payer pour dire la vérité.

La ferme des animaux  (1945)

J’ai conçu La Ferme des animaux avant tout comme une satire de la révolution russe. Je souhaitais qu’on en tire la morale suivante : les révolutions ne produisent d’amélioration radicale que lorsque les masses sont en alerte et savent congédier leurs meneurs dès que ces derniers ont fait leur boulot.

Rien n’a plus contribué à corrompre l’idéal socialiste que de croire que l’Union soviétique était un pays socialiste. (extrait d’une préface pour Animal Farm – mars 1947)

Essais, articles, lettres  1945-1950

 Une bonne part de ce que nous appelons plaisir n’est rien d’autre qu’un effort pour détruire la conscience. Si l’on commençait par demander : Qu’est-ce que l’homme ? Quels sont ses besoins ? Comment peut-il le mieux s’exprimer ? on s’apercevrait que le fait de pouvoir éviter le travail et vivre toute sa vie à la lumière électrique et au son de la musique en boîte n’est pas une raison suffisante pour le faire. L’homme a besoin de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux. S’il en prenait conscience, il pourrait utiliser avec discernement les produits de la science et de l’industrie, en leur appliquant à tous le même critère : cela me rend-il plus humain ou moins humain ? Il comprendrait alors que le bonheur suprême ne réside pas dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l’amour. Et l’horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie ne serait pas considérée comme un simple archaïsme sentimental, mais comme une réaction pleinement justifiée. Car l’homme ne reste humain qu’en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes – notamment le cinéma, la radio et l’avion – tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l’animalité.

Tels, tels étaient nos plaisirs  (1947)  et autres essais (1944-1949)

 Le principal ennemi du langage clair, c’est l’hypocrisie. Quand il y a un fossé entre les objectifs réels et les objectifs déclarés, on a presque instinctivement recours aux mots interminables et aux locutions rabâchées, à la manière d’une seiche qui projette son encre. A notre époque, il n’est plus concevable de « ne pas s’occuper de politique ». Tous les problèmes sont des problèmes politiques, et la politique elle-même n’est qu’un amas de mensonges, de faux-fuyants, de sottise, de haine et de schizophrénie.

Les discours et les écrits politiques sont aujourd’hui pour l’essentiel une défense de l’indéfendable.

(…) Le langage politique doit donc principalement consister en euphémismes, pétitions de principe et imprécisions nébuleuses. Des villages sans défense subissent des bombardements aériens, leurs habitants sont chassés dans les campagnes, leur bétail est mitraillé, leurs huttes sont détruites par des bombes incendiaires : cela s’appelle la « pacification ». Des millions de paysans sont expulsés de leur ferme et jetés sur les routes sans autre viatique que ce qu’ils peuvent emporter : cela s’appelle un « transfert de population » ou une « rectification de frontière ». Des gens sont emprisonnés sans jugement pendant des années, ou abattus d’une balle dans la nuque : cela s’appelle l' »élimination des éléments suspects ». Cette phraséologie est nécessaire si l’on veut nommer les choses sans évoquer les images mentales correspondantes.

Mille neuf cent quatre-vingt-quatre  (1949)

À lire dans la traduction de Celia Izoard parue aux éditions Agone en 2021 qui au contraire de la traduction « moderne » parue en 2018, restitue la dimension philosophique et la fulgurance politique du roman d’Orwell dans les termes que des millions de lecteurs se sont appropriés depuis plus d’un demi-siècle ; tout en rendant hommage à la dimension poétique de cette œuvre pleine d’humour, d’amertume et de nostalgie.

L’idée lui vint que la vraie caractéristique de la vie moderne était, non pas sa cruauté, son insécurité, mais simplement son aspect nu, terne, soumis.

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