« Une société à refaire – Vers une écologie de la liberté » de Murray Bookchin, publié en 1992 par ACL puis en 2010 aux éditions écosociété, représente un essai majeur dans le domaine de la pensée politique et écologique. Ce livre propose une vision radicale et libératrice de la société, articulant les principes de l’écologie sociale et de la démocratie directe pour créer un modèle de communautés interdépendantes, durables et égalitaires.
Bookchin commence par critiquer sévèrement le modèle capitaliste actuel, qu’il considère comme un système intrinsèquement destructeur de l’environnement et de la démocratie. Il plaide en faveur d’une révolution sociale et écologique qui transcende les structures de pouvoir oppressives et exploiteuses. Selon lui, la crise écologique contemporaine est le résultat direct d’une logique sociale de dominations et d’exploitations qui finissent par générer le capitalisme.
« L’écologie sociale se base sur la conviction que la quasi-totalité des problèmes écologiques actuels s’enracinent dans des problèmes sociaux de fond. »
L’une des principales contributions de l’auteur réside dans sa proposition d’une alternative concrète : l’écologie sociale accompagnée de son organe politique qu’il désignera lui-même sous le nom de communalisme dans les dernières années de sa vie. Il s’agit d’une proposition politique qui vise à sortir du capitalisme et réorganiser la société en mettant l’accent sur la décentralisation, l’autogestion, la coopération, l’interdépendance et le principe de complémentarité. Il insiste sur l’importance de la démocratie directe et le principe de subsidiarité, où les citoyens prennent des décisions politiques de manière collective et participative à l’endroit où ils habitent, sans l’intermédiaire de représentants élus.
L’auteur explore également la notion d’écologie de la liberté, qui englobe à la fois la liberté individuelle et la responsabilité collective envers la communauté et l’environnement. Pour lui, la véritable liberté ne peut être réalisée que dans le contexte d’une société égalitaire et durable, où chacun a accès aux ressources nécessaires pour s’épanouir pleinement – ces dernières étant communalisées.
L’ouvrage constitue une espèce de synthèse de sa pensée et se distingue par sa profondeur philosophique et son approche interdisciplinaire, combinant des éléments d’écologie, de philosophie politique et d’histoire sociale. Bookchin puise dans diverses traditions intellectuelles, notamment l’anarchisme et le marxisme, pour construire sa vision d’une société écologique et libre.
Bien que certaines de ses idées puissent sembler utopiques, « Une société à refaire » offre une critique perspicace des systèmes sociaux actuels et propose des alternatives stimulantes. Le livre reste pertinent aujourd’hui, alors que les défis environnementaux deviennent de plus en plus pressants et que la recherche de modèles sociaux alternatifs s’intensifie. D’autant plus que le titre de l’ouvrage tombe à pic dans le contexte actuel et les ridicules contorsions politiciennes d’un régime « représentatif » démontrant plus que jamais son insanité.
En somme, cet ouvrage de Bookchin est une contribution significative à la pensée écologique et politique contemporaine. Il invite les lecteurs à repenser fondamentalement notre relation avec la nature et entre nous-mêmes, offrant une vision ambitieuse d’un avenir plus soutenable et plus libre.
C’est ce livre que j’ai lu et relu et relu au début des années 90 fut mon livre de chevet durant quelques années et qui a inspiré mon militantisme.
[…] Une société à refaire de Bookchin Ed. écosociété et notre recension ici. […]