Guerre sociale en Espagne

La guerre d’Espagne, période charnière de l’histoire du XXème siècle, est aussi celle qui est la plus occultée, la plus déformée, la plus trahie. Les raisons en sont nombreuses et demandent un certain décryptage des nombreuses complicités participant à l’entretien de cette falsification.
S’il est assez facile de discerner l’action des franquistes pendant la dictature, qui avaient tout intérêt à effacer les traces de leurs crimes et cherchèrent sans honte à les attribuer à leurs ennemis, l’attitude des « historiens » issus des différents partis du camp républicain mérite une analyse beaucoup plus approfondie.
Car ces partis, devenus institutionnels : sociaux-démocrates, libéraux, staliniens réformés, républicains et néo-divers sont ceux qui occupent encore le paysage de nos pseudo-démocraties. Leurs mensonges d’aujourd’hui ne sont pas très éloignés de ceux qu’ils déployèrent alors ; leurs motivations sont les mêmes, leurs bassesses similaires.
Les faits sont là : ils préférèrent laisser la victoire au fascisme plutôt que laisser la révolution se déployer et le peuple décider de son avenir par lui-même.
La guerre d’Espagne est un miroir historique où ils préfèrent donc ne pas se regarder.
Pour tous ceux qui ne se sentent nullement représentés par ces gens là et qui ont gardé le goût du vrai et l’espoir d’un devenir autre, les ouvrages réunis ici apporteront l’essentiel des éléments de compréhension.

Spanish Cockpit de Franz Borkenau
Rapport sur les conflits sociaux et politiques en Espagne (1936-1937)

Si Spanish Cockpit fait figure d’ouvrage de référence, c’est que Borkenau est le seul historien et commentateur de cette guerre civile qui ait joint à un esprit de tout premier ordre une éducation politique approfondie. Il a su poser les questions qu’il fallait, il a vu le front et les régions de l’arrière et s’est montré un remarquable observateur. Il n’est pas, sur cette guerre, de témoignage plus perspicace ou plus véridique. (…) C’est pourquoi, par-delà le modèle de ce que devrait être toute analyse d’une révolution, Spanish Cockpit est aussi un des meilleurs ouvrages jamais publiés sur l’Espagne.

Hommage à la Catalogne de George Orwell

La guerre d’Espagne à laquelle Orwell participa en 1937 marque un point décisif de la trajectoire du grand écrivain anglais. Engagé dans les milices du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), le futur auteur de 1984 connaît la Catalogne au moment où le souffle révolutionnaire abolit toutes les barrières de classe. La mise hors la loi du POUM par les communistes lui fait prendre en horreur le « jeu politique » des méthodes staliniennes qui exigeait le sacrifice de l’honneur au souci de l’efficacité. Son témoignage au travers de pages parfois lyriques et toujours bouleversantes a l’accent même de la vérité. À la fois reportage et réflexion, ce livre reste, aujourd’hui comme hier, un véritable bréviaire de liberté.
Sur le moment, nous pûmes bien jurer et sacrer violemment, mais nous nous rendîmes compte après coup que nous avions pris contact avec quelque chose de singulier et de précieux. Nous avions fait partie d’une communauté où l’espoir était plus normal que l’indifférence et le scepticisme, où le mot « camarade » signifiait camaraderie et non, comme dans la plupart des pays, connivence pour faire des blagues. Nous avions respiré l’air de l’égalité.
Très tôt, j’ai pu constater qu’aucun événement n’était relaté avec exactitude par les journaux; mais en Espagne, pour la première fois, j’ai pu lire des articles dont le contenu n’avait littéralement aucun rapport avec les faits, allant bien au delà du mensonge ordinaire. J’ai vu l’histoire raconté, non pas en relation avec ce qui s’était effectivement passé, mais en fonction de ce qui convenait à l’idéologie de chacun des partis. »


Le labyrinthe espagnol de Gerald Brenan
Origines sociales et politiques de la guerre civile.

Il y a dans toute révolution des moments où l’on peut croire que vont se réaliser les plus beaux rêves de l’humanité. Ceux qui ont visité Barcelone en 1936 n’oublieront pas cette expérience exaltante. Plus le temps passait, plus large était le public que touchaient leurs témoignages. En Espagne semblait se jouer le sort du monde civilisé.

La Guerre d’Espagne de Burnett Bolloten
The Spanish Civil War : Revolution and Counterrevolution

Un des principaux ouvrages de référence sur la guerre d’Espagne, la révolution et la contre-révolution espagnole. Incontournable pour toute personne s’intéressant à cette période cruciale et à sa vérité. Bolloten a passé une grande part de sa vie à réunir inlassablement témoignages et documentations.
Un travail d’historien véritablement exemplaire qui permet de saisir pleinement les problématiques d’une période révolutionnaire, avec dans ses principales conclusions, l’évidente nuisance des appareils de parti cherchant à accaparer le pouvoir et à court-circuiter les mouvements de libération populaire.
La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste.
Le 18 juillet 1936, pendant mes vacances d’été en Espagne, je me retrouve en quelques heures au milieu d’une guerre civile et d’une révolution. Je suis loin d’imaginer que je vais passer les quarante années suivantes à rassembler, trier, digérer et assimiler la plus grande collection de sources jamais recueillie par une seule personne. L’United Press m’envoie sur le front aragonais puis à Madrid, Valence et Barcelone, les principaux foyers d’activité politique, où je commence à collecter tous les documents accessibles.
En vingt-quatre heures, on a vu évoluer de façon étonnante des esprits qui semblaient réfractaires à tout changement – écrivit une célèbre anarchiste quelques jours après la révolution.

Barricades à Barcelone de Agustín Guillamón

La CNT de la victoire de juillet 1936 à la défaite de mai 1937

Quand, au petit matin du 19 juillet 1936, les militaires factieux sortirent de leurs casernes en pensant s’emparer facilement de Barcelone, ils trouvèrent en face d’eux les comités de défense de la Confédération nationale du travail (CNT) appuyés par toute une population ouvrière dressée contre le fascisme. En fin d’après-midi, le général Goded, l’un des organisateurs du soulèvement avec Franco, arrivé des Baléares pour prendre le commandement de la ville, doit reconnaître sa défaite. Cette victoire populaire contraignit le gouvernement de la République à organiser la résistance contre les nationalistes, au lieu de pactiser avec eux. En Catalogne, les ouvriers armés se retrouvèrent non seulement maîtres de la rue, mais aussi en charge de nombreuses entreprises abandonnées par leurs propriétaires. Leurs organisations, et d’abord la plus puissante d’entre elles, cette CNT redevenue légale seulement quelques mois auparavant, participent à la direction de la guerre contre les fascistes, à celle de l’économie et de l’ensemble des activités sociales. Mais en accordant une priorité absolue à cette lutte contre le fascisme, la direction de la CNT va aider l’État à se réapproprier ce pouvoir acquis par les ouvriers les armes à la main.
C’est aussi à Barcelone, en mai 1937, qu’aura lieu une nouvelle étape dans cette reconquête, malgré une puissante riposte armée des ouvriers, qui sera suivie de leur défaite politique et d’une vague de répression contre les militants révolutionnaires.

Le Bref Été de l’anarchie de Hans Magnus Enzensberger

Roman biographique sur l’anarchiste espagnol Buenaventura Durruti (1896-1936), qui trouva la mort en participant à la défense de Madrid attaquée par les franquistes et dont l’itinéraire est ici raconté par un assemblage de documents : extraits de reportages, discours, tracts, brochures, Mémoires, interviews, etc.
Il ne fallut pas longtemps à Durruti pour se rendre compte que le Comité central n’était qu’un organe de gestion. On discutait, négociait, votait, il y avait des dossiers, on y accomplissait un travail de bureaucratie. Mais Durruti n’était pas un rond-de-cuir. Dehors, on tirait. Il ne supporta plus cet état de choses. Il mit sur pied sa propre division, la colonne Durruti et, à sa tête, prit la route du front d’Aragon.

Durruti dans le labyrinthe de Miguel Amoros

Dans ce qu’il est convenu d’appeler la guerre d’Espagne, Durruti incarne la tentative, combattue par les staliniens comme par les  » anarchistes de gouvernement « , de faire triompher un antifascisme révolutionnaire ; de mener, comme il le disait,  » la guerre et la révolution en même temps « .
Nous luttons non pour le peuple, mais avec le peuple, c’est à dire pour la révolution dans la révolution. Nous avons conscience que dans cette lutte nous sommes seuls et que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.

Ma guerre d’Espagne à moi de Mika Etchebéhère
Une femme à la tête d’une colonne au combat.

Lire ce récit de Mika Etchebène sur la guerre d’Espagne telle qu’elle l’a vécu en ces années 1936, 1937, 1938, c’est se confronter à une expérience dont nous avons été totalement dépossédés, nous-autres pauvres néo-citoyens de ce début de XXIème siècle. En ces temps où le combat avec les armes pour ses idées et l’usage même de la violence sont devenus privilège exclusif de l’État et de sa police, nous ressentons comme une sorte de malaise (un euphémisme) devant l’impuissance à laquelle nous avons été réduits. Après tout, il faut pourtant bien constater que nous ne sommes pas les héritiers de la victoire de ces combattants héroïques qui ont tout risqué pour un monde meilleur mais ceux de leur défaite; et que ce monde qu’ils espéraient n’est certainement pas le notre. Mais qu’est-ce à dire alors, quel sens donner à notre admiration pour Mika et ses compagnons d’armes du fond de notre domestication pacifiée ? Oui oui, c’était une autre époque et d’autres gens sans doute, armés d’autres caractères probablement. Mais quelle sorte de gens sommes-nous alors et que nous reste-t-il en terme de « caractère » …
Serions-nous si démunis qu’en matière d’héroïsme, nous nous contentons de contempler celui que met en scène à notre intention le cinéma; ou encore de comptabiliser les victoires obtenues dans tous ces jeux vidéo aimablement proposés à notre attention. En fait, serions-nous devenus les simples spectateurs d’une vie et d’un monde qui nous échappent au grand galop.

Les fils de la nuit de Antoine Gimenez
Souvenirs de la guerre d’Espagne

La première partie de cet ouvrage est constituée du manuscrit original des Souvenirs de la guerre d’Espagne, d’Antoine Gimenez. Il y conte tout ce qu’il a vécu au sein de la colonne Durruti, entre 1936 et 1938, sur le front d’Aragon. La seconde partie est consacrée à une étude critique du Groupe International de cette colonne (cantonné à Pina de Ebro), portant sur les principaux épisodes de la guerre dans sa zone d’intervention, sur les collectivités paysannes et, plus généralement, sur les groupes de francs-tireurs, les  » Fils de la Nuit « , qui furent formés sous le contrôle des colonnes.
Voir notre recension de l’ouvrage : ici

Les collectivités d’Aragon – Espagne 36-39 de Félix Carrasquer

Un témoignage de première main sur les réalisations des collectivités créées par les paysans d’Aragon.
Félix Carrasquer fonde avec ses frères l’école Eliseo Reclus où sont mis en pratique les principes de la pédagogie libertaire.
Après le déclenchement de la guerre civile, il participe à l’expérience des collectivisations paysannes et crée l’École de militants de Monzón.
Au cours de la seconde année de la production collectiviste, les récoltes augmentèrent de 20 à 30%. Comment est-il possible, nous dit-on, que la production ait augmenté alors qu’un fort pourcentage de jeunes était mobilisé au combat?
Il est pourtant facile de comprendre ce phénomène si nous prenons en compte l’enthousiasme que quelques hommes d’âge avancé ressentaient à l’égard de la collectivité, ce qui les incitait à aller au travail alors qu’ils ne l’auraient pas fait dans une autre situation. Beaucoup de femmes aussi se joignaient aux collectivistes…

Le rêve en armes de Julius Van Daal

Déclenchée en juillet 1936, pour contrer le putsch des militaires nationalistes, la révolution espagnole tire son énergie formidable des élans communautaires et vindicatifs du peuple libertaire.
Dans l’Espagne de 1937, où staliniens et sociaux-démocrates étaient unis à la petite bourgeoisie laïque face à la barbarie fasciste, et où l’État républicain, abandonné par les grandes puissances démocratiques, était soumis aux exigences de l’URSS, la gauche au pouvoir se chargea, là encore, de la besogne contre-révolutionnaire.

Les chemins du communisme libertaire en Espagne par Myrtille – Giménologue
Et l’anarchisme devint espagnol 1868-1910 (volume premier)

Après avoir retracé les moments forts de la rencontre entre l’Espagne et l’anarchisme au temps de l’AIT, l’auteure aborde dans ce premier tome les « deux manières d’interpréter le sens de la vie et les formes de l’économie post-révolutionnaire » qui s’agitaient au cœur même de la CNT avant le 19 juillet 1936.
Et c’est bien en Espagne que démarra, à cette date – à des degrés divers et en certains endroits seulement -, l’unique mise en pratique connue du principal objectif révolutionnaire avancé par les courants marxistes et libertaires aux XIXe et XXe siècles : l’abolition du travail salarié.

Les Chemins du communisme libertaire en Espagne par Myrtille – Giménologue
L’anarcho-syndicalisme travaillé par ses prétentions anticapitalistes, 1910-1937 (volume 2)

Après avoir retracé les moments forts de la rencontre entre une partie des classes populaires espagnoles et l’anarchisme au temps de la première Internationale, l’auteure aborde dans ce deuxième volume les « deux manières d’interpréter le sens de la vie et les formes de l’économie post-révolutionnaire » qui s’agitaient au cœur de la CNT et de la mosaïque libertaire de 1910 à 1936. Après le 19 juillet 1936, une partie du mouvement, nourrie d’une solide culture de l’action directe, se lança avec enthousiasme dans un début de sortie du capitalisme, inédite par son ampleur et sa durée, une expérience dont les leçons restent à tirer.

Les Chemins du communisme libertaire en Espagne par Myrtille – Giménologue
(Nouveaux) Enseignements de la révolution espagnole, juillet 1936 – septembre 1937 (volume 3)

« Jusqu’à quel point le mouvement révolutionnaire fut il responsable de sa propre défaite ? » demandait Vernon Richards en 1953. Dans l’Espagne de 1936, que restait-il du projet communiste libertaire après le 19 juillet quand en le propulsant en Catalogne, en Aragon et en pays valencien, un certain nombre de militants de la CNT-FAI se rendirent compte qu’ils agissaient à contre-courant de leur organisation ? Comment parler encore de sortie du capitalisme quand un syndicat anarcho-syndicaliste « collectivise » le secteur productif sous l’égide de l’État, incite la classe ouvrière à s’adapter « au panorama économico-industriel du monde », et repousse aux calendes grecques l’abolition du salariat ?

Carnets de la guerre d’Espagne de Mary Low et Juan Brea

Mary Low (1912-2007) poétesse surréaliste – voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Low
Les carnets brossent un tableau extrêmement vivant de l’Espagne loyaliste, tant au front qu’à Barcelone et Madrid, pendant la première phase de la guerre où, de vastes fractions de la population ont cru que tous les hommes étaient égaux et se sont montrées capables d’agir conformément à cette conviction. Par une série de petits tableaux intimistes, quotidiens, ce livre nous montre à quoi ressemblent les êtres humains quand ils essaient de se conduire en êtres humains et non comme les rouages de la machine capitaliste. Personne, parmi ceux qui se sont trouvés en Espagne pendant les quelques mois où l’on croyait encore à la révolution, n’oubliera cette étrange et émouvante expérience. George Orwell
Vous n’êtes pas encore totalement corrompus,
Vous n’êtes pas tous des maquereaux, des banquiers et des flics,
Vous pouvez toujours entrevoir la magie qui émerge de vos pâles horizons.
Mary Low

Hommage à la révolution espagnole de Miguel Amoros

Ce fut en Europe, sans aucun doute, le plus beau combat en faveur de l’égalité et de la liberté durant la première phase d’industrialisation du monde mais les forces conjuguées du spectacle et de l’aménagement-destruction du territoire ont détruit la plupart des réalités du vivier populaire qui en façonnait l’esprit : quartiers, culture, savoir-faire, rêves d’un avenir à construire. La conscience prolétarienne, cette forme historique et déterminée de la conscience humaine s’est dissoute au contact des foules solitaires et de l’extrême diversité des luttes particulières : le totalitarisme techno-industriel (stade actuel du capitalisme) n’a évidemment pas aboli les classes mais a massifié uniformément celle du plus grand nombre. Le moteur principal de cette histoire inhumaine semble être pour l’instant la lutte concurrentielle à l’intérieur de celle-ci pour ne pas se retrouver dans le camp des surnuméraires définitifs. Ceux pour qui la mégamachine n’assurera plus qu’au mérite − l’acceptation de la domestication − la stricte réponse aux besoins vitaux. Mais nos quelques protestations, craintes et colères n’y font rien, nous nous enfonçons dans les sombres temps d’une société du travail sans travail. Il nous faudrait déjà, pour en desserrer un peu le carcan, retrouver les solidarités actives, le besoin des autres qui, jadis, organisaient, quand il le fallait, la survie collective tout en nourrissant les luttes pour une vie plus vaste.
C’est par ce détour dans le passé des pratiques et des idées que nous redécouvrirons le trésor caché des révolutions comme ces deux idées essentielles à la compréhension de l’action des « Amis de Durruti » et de la révolution espagnole en son entier : le sentiment de classe − la volonté égalitaire − et l’auto-organisation − le ferme refus de toute bureaucratie, de toutes formes de représentation qui ne soient pas strictement contrôlées et révocables à tout instant. (…)
Avec ces deux seules idées on ne peut pas tout, mais sans elles on ne peut rien d’essentiel si l’on veut redonner un sens collectif et émancipateur au grand jeu de la nécessité et de la liberté.

Sabaté Guérilla Urbaine en Espagne (1945-1960)

Né le 30 mars 1915 à Llobregat, en Catalogne, Francisco « Quico » Sabaté était un militant anarchiste particulièrement connu pour avoir bravé la dictature franquiste, par des actions en ville à visage découvert, en grande partie militaires. (Maquis urbains, dont de nos jours encore le souvenir subsiste.)
Parmi les militants des maquis, « Quico » Sabaté a longtemps été la figure la plus populaire.
La « libération nationale » fut fêtée en Espagne par un véritable bain de sang, dans un climat de folie meurtrière qui dura des années. De Barcelone à Séville, de La Corogne à Valence en passant par Madrid, on vit couler le sang de la jeunesse espagnole antifasciste. Les pelotons d’exécution fusillaient jour et nuit. Une simple accusation et c’était un homme envoyé à la mort. (…) Combien d’Espagnols tombèrent ainsi entre 1939 et 1943 ? On n’en saura probablement jamais le chiffre exact. Des centaines de mille, mais … combien ?

Les Anarchistes espagnols Les années héroïques (1868-1936) de Murray Bookchin

Fut un temps où Barcelone, parmi d’autres villes et villages espagnols, était une enclave anarcho-syndicaliste: usines, transports en commun et services publics étaient gérés et administrés par des comités et des syndicats de travailleurs, le plus souvent issus des classes ouvrières et populaires. Pendant près de trois générations, les idées et les pratiques anarchistes ont connu des années que l’auteur qualifie d’«héroïques».
Publié pour la première fois en 1976, cet ouvrage retrace tambour battant l’histoire de l’anarchisme en Espagne depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à la veille de la révolution sociale de 1936. Fondé sur une variété de sources et salué comme une pierre angulaire de l’historiographie de l’anarchisme, ce classique de l’écologiste libertaire Murray Bookchin permet de contester, preuves à l’appui, l’idée reçue voulant qu’une société libertaire soit une utopie irréalisable.

La question fondamentale que soulève l’anarchisme espagnol consiste à savoir s’il est possible, pour les gens, d’acquérir un contrôle entier, direct et collectif sur leur vie quotidienne, de gérer la société à leur façon, c’est-à-dire non pas comme une “masse“ guidée par des dirigeants professionnels, mais comme des individus entièrement libres, dans un monde sans chefs ni subalternes, sans maître ni esclave.

*****

REBONDS :

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.