Voilà encore un terme qui illustre parfaitement bien l’escroquerie qu’exerce en permanence l’idéologie capitaliste sur le vocabulaire et donc sur les esprits de manière très générale.
À la base, la notion de personnalité relève bien du commun ; à savoir que chaque être humain devrait être amené et se voir offert la possibilité de se construire dans sa singularité et cela dans un processus parcourant sa vie entière.
C’est ce qui fait que chaque être humain est unique, ne peut-être catégorisé et enfermé dans un schéma préétabli. Qu’il se personnalise donc et puisse ainsi prendre place socialement en y apportant justement ce qui le rend unique. Tout au moins, c’est ce qui devrait être dans un monde qui reconnaîtrait l’être humain en sa démarche propre d’accomplissement.
Mais la religion capitaliste ne le voit pas de cet œil là ; pour elle, une personnalité ne peut-être que celui qui s’élève au-dessus des autres et se trouve alors en mesure de paraître par la magie de ce surplomb. Sa construction, son mode d’organisation sociale hiérarchisée exige que celui qui ne peut ou ne veut exister sur ce mode particulier ne soit rien et rejoigne ainsi automatiquement la foule de ceux qui ne sont rien comme les a désignés incidemment un récent dignitaire de cette religion.
Dans la structure sociale conçue par le libéralisme marchand, la notion de personnalité a donc rejoint celle du vedettariat. Peu importent les qualités intrinsèques d’un individu, ce qu’il est réellement, seul compte ce qui lui ouvre les portes du paraître et le rend donc marchandisable, une finalité toujours essentielle pour le capitalisme et pour sa société du spectacle.
Quelque soit le domaine concerné, le sport, la politique, le cinéma, la science, le champ dit culturel, on y retrouvera ce même mécanisme atrophiant de la personnalité. On ne s’étonnera guère dans ces conditions de découvrir à l’occasion de tel ou tel scandale et révélation médiatique, et ce de manière très répétitive, que les dites personnalités se révèlent être humainement des médiocres, porteurs de nombreuses tares psychologiques qui n’ont vraiment rien d’édifiantes.
Passent donc les personnalités mais demeure le mécanisme de dévoiement systématique de ce que devrait être l’élaboration de la personnalité.
Est-il vraiment utopique de concevoir un monde égalitaire où chacun trouverait sa place et pourrait développer ses potentialités (sa personnalité) sans avoir à monter sur la tête des autres comme en cette misérable foire d’empoigne qu’est le capitalisme, c’est encore bien le fond du problème.