« CONSCIENCE » – Abécédaire de l’Écologie Sociale

C’est sans doute une époque assez malheureuse que celle où la notion même de conscience apparaisse comme tout à fait étrangère à beaucoup, se révélant donc comme étant le reflet même de leur dépossession, de leur absence au monde. La conscience étant, somme toute, ce qui détermine la qualité de la relation que nous sommes en mesure d’avoir avec tout ce qui nous environne. Plus la conscience grandit et plus s’élargit le champ des possibles, la valeur même qui se rattache au fait d’exister, notre présence au monde, notre liberté et l’usage que nous pouvons faire de nos assez brèves existences. Ce n’est certainement pas un hasard si dans la société contemporaine, telle qu’elle s’est construite sous le joug de l’Économie politique, la conscience soit devenue comme un embarras. Il y a tant de choses que la conscience préfère ignorer qu’elle a fini par s’oublier elle-même et se reléguer aux oubliettes.

À la facilité avec laquelle l’esprit se satisfait peut se mesurer l’étendue de sa perte.

Il faut dire que de par la croissance permanente de ses nuisances, leur extension sans fin, la religion capitaliste ne pouvait que travailler au mouvement même de cet effacement et tout faire pour que la conscience se voit ainsi dévitalisée et déspiritualisée et voit sa peau portée par un savoir sans vie et plein de vanité. Il fallait donc nécessairement que cette conscience propre à chacun et son mouvement naturel se retire pour laisser place à la voix de son maître se manifestant par la parole d’experts en tout genre nous disant non seulement ce que nous devons penser et vouloir mais aussi ressentir. Politiciens, légistes et économistes, scientistes et stratégistes, publicistes et lobbyistes de toutes sortes se bousculent donc quotidiennement pour nous guider en notre servitude par la voie médiatique si richement dotée par ceux qui la subventionnent. Certes la conscience n’en disparaît pas complètement pour autant, elle s’en trouve plutôt anesthésiée et refoulée en des parties plus ou moins lointaines de notre esprit et se manifestant alors sous la forme de sortes de démangeaisons plus ou moins persistantes signalant sa présence. Qu’à cela ne tienne, notre système bienveillant dispose de nombreuses pommades et ingrédients savants prétendant remédier à cet inconvénient. Toutefois, la conscience se satisfait difficilement de cette nouvelle enclosure que tente d’imposer à toute force l’idéologie du capital car elle n’est pas seulement conscience de soi mais aussi de l’objet qui lui est présenté. Or cet objet ( la société présente ) est de moins en moins attractif et pour tout dire de plus en plus déplaisant au plus grand nombre ; les démangeaisons ne font que s’accroître.

Il est donc à nouveau envisageable qu’en se poussant vers son existence vraie, la conscience atteindra un point où elle se libérera de l’apparence et de sa relégation temporaire.

Définitions courantes du savoir philosophique :

Traditionnellement, la conscience est définie comme la connaissance qu’un être vivant a de son existence et du monde qui l’entoure. Pour accéder à cette connaissance, la conscience permet de synthétiser et d’analyser les informations perçues par les sens. C’est donc un traitement particulier de l’information, par lequel de nouveaux objets mentaux sont créés, venant entre la perception et l’action. Lorsqu’on parle de conscience, on évoque le plus souvent la conscience réflexive propre à l’espèce humaine : l’Homme est conscient, et mieux que cela, il se sait conscient.

Être conscient, c’est sentir, agir, penser et savoir que je sens, que je pense et que j’agis. L’homme n’est pas posé dans le monde, il s’y rapporte. Par la conscience, le monde devient objet de connaissance et de réflexion.

La conscience est projet, visée du monde, elle est intentionnalité. La conscience n’est pas comme une intériorité close sur elle-même, elle est visée, projection. Avant d’être réflexive, retour sur elle-même, la conscience est initialement relation au monde. Parce qu’elle s’anticipe, la conscience est donc toujours déjà au-delà d’elle-même, elle est visée d’un ailleurs pour orienter son agir dans le monde.

sumons, la conscience est donc le moyen par lequel nous pouvons nous saisir de notre propre réalité et lui donner sens. Elle est la clé ouvrant à ce qui peut nous permettre de redevenir sujet de l’histoire même et de sa réouverture en un temps qui a prétendu en fermer la porte.

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