REGARDEZ LA COMMUNE DE PARIS, C’ÉTAIT LA DÉMOCRATIE !
« La grand’ville a le pavé chaud,
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle… » Arthur Rimbaud – Chant de guerre parisien
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« Or, tandis que mes yeux se remplissaient de larmes,
Un nuit j’entendis comme un lointain bruit d’armes
Dans le silence répété.
Entends-tu, dans la nuit, cette voix qui t’appelle,
Écoute, l’heure sonne, viens ! » Louise Michel
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« La Commune a été la plus grande fête du XIXème siècle. On y trouve, à la base, l’impression des insurgés d’être devenus les maîtres de leur propre histoire, non tant au niveau de la déclaration politique « gouvernementale » qu’au niveau de la vie quotidienne dans ce printemps de 1871 (voir le jeu de tous avec les armes ; ce qui veut dire : jouer avec le pouvoir). C’est aussi en ce sens qu’il faut comprendre Marx : « la plus grande mesure sociale de la Commune était sa propre existence en actes ». (numéro 12 de la revue Internationale situationniste – septembre 1969).
« Malgré tout ce tourment de tête et de compréhension d’affaires sociales auxquelles je n’étais pas habitué, je suis dans l’enchantement. Paris est un vrai paradis ! Point de police, point de sottise, point d’exaction d’aucune façon, point de dispute. Paris va tout seul comme sur des roulettes. Il faudrait pouvoir rester toujours comme cela. En un mot, c’est un vrai ravissement. » Gustave Courbet le 30 avril 1871.
Ce fut, selon les mots de Marx « une révolution contre l’État lui-même, cet avorton surnaturel de la société, la reprise par le peuple et pour le peuple de sa propre vie sociale. » (La guerre civile en France)
« Tout un peuple s’entretient de choses graves, pour la première fois on entend les ouvriers échanger leurs appréciations sur des problèmes qu’avaient abordés jusqu’ici les seuls philosophes. De surveillants, nulle trace, aucun agent de police n’obstrue la rue et ne gêne les passants. La sécurité est parfaite. » (Villiers de l’Isle-Adam)
Et oui, il y a la Commune et les Communards, et puis il y a les Versaillais: deux visions, deux langages du monde inconciliables qui d’une certaine manière symbolisent le combat historique, celui qui resurgira à chaque fois que l’histoire réelle reprendra sa marche. Et cela malgré tous les efforts des tenants de la domination et de ses complices pour le dissimuler et pour faire oublier qu’ils sont les Versaillais sous les différents masques « démocratiques » qu’ils se donnent.
Histoire de la Commune de 1871 de Prosper-Olivier Lissagaray (1876)
Le livre de référence sur l’histoire de la Commune de Paris, l’un des rares moments magiques où le mot démocratie prit enfin tout son sens contre toutes les représentations mensongères.
La Guerre civile en France de Karl Marx (1871)
« Ce ne fut donc pas une révolution contre telle ou telle forme de pouvoir d’État (…). Ce fut une révolution contre l’État lui-même, cet avorton surnaturel de la société; ce fut la reprise par le peuple et pour le peuple de sa propre vie sociale. Ce ne fut pas une révolution faite pour transférer ce pouvoir d’une fraction des classes dominantes à une autre, mais une révolution pour briser cet horrible appareil même de la domination de classe. »
Souvenirs d’un révolutionnaire de Gustave Lefrançais (1886)
de juin 1848 à la Commune
« Les vrais « crimes » de la Commune, ô bourgeois de tous poils et de toutes couleurs : monarchistes, bonapartistes, et vous aussi républicains roses et même écarlates; les vrais crimes de la Commune qu’à son honneur vous ne lui pardonnerez jamais ni les uns ni les autres, je vais vous les énumérer…
La Commune, pendant 6 mois, a mis en échec votre œuvre de trahison… La Commune a démontré que le prolétariat était préparé à s’administrer lui-même et pouvait se passer de vous… La réorganisation des services publics que vous aviez abandonné en est la preuve évidente… La Commune a tenté de substituer l’action directe et le contrôle incessant des citoyens à vos gouvernements, tous basés sur la raison d’État, derrière laquelle s’abritent vos pilleries et vos infamies gouvernementales de toutes sortes… Jamais, non jamais, vous ne lui pardonnerez. »
Mes cahiers rouges au temps de la Commune de Maxime Vuillaume
Récit, Histoire
« Durant l’Année terrible (1871), leur auteur, Maxime Vuillaume, fut constamment aux premières loges, tantôt comme spectateur, le plus souvent comme protagoniste. Engagé volontaire dans la Garde nationale, il participe aux journées insurrectionnelles des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871. À compter du mois de mars, c’est par la plume qu’il poursuit son combat, en fondant l’un des journaux les plus lus – et certainement le plus populaire – de la révolution communaliste : Le Père Duchêne. Au cours de la Semaine sanglante, enfin, il n’hésite pas à prendre les armes pour résister à l’assaillant versaillais. »
L’Insurgé de Jules Vallès (1886)
« Quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux, le murmure de cette révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue … Ô grand Paris ! Patrie de l’honneur, cité du salut, bivouac de la Révolution ! Quoi qu’il arrive, dussions-nous être à nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée. Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses. »
Bas les cœurs ! De Georges Darien (1889)
« Le drapeau! … Voilà Thiers, le vieil assassin, l’homme qui a toujours fait litière de la justice et du droit : il est au pinacle. Il montera encore, le chacal … C’est un patriote … »
Étude Sur Le Mouvement Communaliste de Gustave Lefrançais
À Paris, en 1871 – Texte complet ici : https://archive.org/details/tudesurlemouve00lefr/page/n5/mode/2up
Inventer l’inconnu
Textes et correspondances autour de la Commune de Karl Marx et Friedrich Engels
« Thiers, ce nabot monstrueux, a tenu sous le charme la bourgeoisie française pendant plus d’un demi-siècle, parce qu’il est l’expression intellectuelle la plus achevée de sa propre corruption de classe. »
lettre du 17 avril 1871 (K. Marx)
« Il serait certes fort commode de faire l’histoire universelle si on n’engageait la lutte qu’à condition d’avoir des chances infailliblement favorables. »
« Les classes dominantes n’ont cessé de vouloir conjurer le spectre de Paris-Commune, plusieurs fois ressuscité (en 1936 avec les grèves du Front Populaire, en 1945 avec l’insurrection et la libération de Paris, en 1968 avec sa grève générale et ses barricades). Depuis, toutes les politiques urbaines n’ont eu de cesse de vider le Paris-Commune de ses énergies populaires, en exilant le peuple des quartiers dans la zone grise des banlieues de plus en plus lointaines, pour en faire une cité sans citoyens, une ville-vitrine et une ville-monument. » (introduction de Daniel Bensaïd)
Rimbaud et la commune de Steve Murphy
On a longtemps sous-estimé l’importance, pour Rimbaud, de la Commune. Le présent livre explore les enjeux de l’idéologie révolutionnaire dans ses poèmes de 1871-1872, qu’ils soient explicites ou, comme dans Le Bateau ivre, implicites. Il s’agit de restituer un contexte historique indispensable si l’on veut saisir la logique de poèmes et lettres qui disent l’enthousiasme lors de l’insurrection et l’horreur devant la Semaine sanglante et la victoire des forces réactionnaires.
La Guerre franco-allemande et la révolution sociale en France
(1870-1871) de Mikhaïl Bakounine
Si Bakounine n’était pas présent à Paris en 1871, on se rappellera de cette magnifique déclaration parlant des journées de février 1848 à Paris :
« C’était une fête sans commencement et sans fin; je voyais tout le monde et je ne voyais personne, car chaque individu se perdait dans la même foule innombrable et errante; je parlais à tout le monde sans me rappeler ni mes paroles ni celles des autres, car l’attention était absorbée à chaque pas par des événements et des objets nouveaux, par des nouvelles inattendues. (…) Il semblait que l’univers entier fût renversé; l’incroyable était devenu habituel, l’impossible possible, et le possible et l’habituel insensés. »
Rimbaud Révolution de Frédéric Thomas
« L’éphémère Commune de Paris (18 mars-29 mai 1871) revêt aux yeux de Marx comme de Rimbaud une importance capitale. Elle fut « la forme politique enfin trouvée », pour le premier, le joint de jonction de la poésie de l’Avenir pour le second, le point de levier pour renverser le vieux monde, faire émerger les germes d’une société nouvelle, régénérer les êtres et le monde, pour tous les deux. »
« Toutes les relations dans la société bourgeoise ont un rapport de duplicité, tous les liens sont faussés. De cela Rimbaud aussi bien que Marx en conviennent. Leurs écrits sont aux prises avec des forces sociales; leurs généalogies et leurs transformations, leurs représentations et leurs captations, leurs fixations enfin dans des rapports et institutions, qui en changent le sens, en se retournant contre les êtres. C’est la critique du fétichisme dans Le Capital; c’est la vérité absentée du corps, de l’âme et de la vie – « La vraie vie est absente » – dans les poèmes de Rimbaud. »
Commune(s) 1870-1871 de Quentin Delermuoz
Depuis les analyses célèbres de Karl Marx, l’histoire de la Commune de Paris a été placée au centre de notre compréhension de l’événement révolutionnaire. Et l’espérance de « faire commune » fait aujourd’hui retour dans notre imaginaire politique. Cet ouvrage se propose de mener l’archéologie de cette puissance d’actualisation, mais en revenant d’abord sur la force de l’événement lui-même. Le récit prend appui sur une enquête archivistique minutieuse qui permet de reconstituer, par le bas, les stratégies des acteurs, leurs luttes comme l’ouverture des possibles qui marque ces journées. L’événement dépasse dès ses débuts le cadre parisien. De la rue Julien-Lacroix aux concessions de Shanghai en passant par l’insurrection kabyle, la Croix-Rousse à Lyon ou la république des cultivateurs aux Caraïbes, le livre propose une histoire à différentes échelles, du local au global, en décrivant des interconnections multiples.
« Dans un monde globalisé où les formes de gouvernance politique et économique s’imposent et se standardisent, la référence à la Commune semble nourrir les revendications de plus en plus présentes d’un pouvoir plus horizontal ainsi que le principe des « mouvements sans leaders » qui caractérise nombre de ces protestations contemporaines. »
« Dès lors, comment comprendre la Commune, quelle est sa portée ? Face à un tel massif, la plupart des travaux récents suspendent la réponse en laissant la question posée. (…) Les questions demeurent, simples : qui sont ces hommes et ces femmes ? Qu’ont-ils fait et voulu ? Et générales : comment expliquer que ces 72 jours ont pu malgré tout avoir un tel impact politique et symbolique au XXe et XXIe siècles, et ce, à une échelle à la fois nationale, européenne et globale ? Ce sera le fil rouge de cette enquête. »
Léo Frankel Communard sans frontières de Julien Chuzeville
Voici la première biographie en français de Léo Frankel (1844-1896), seul élu étranger de la Commune de Paris (1871). Militant de la Première Internationale, dont il intègre la direction lors de son exil à Londres, il est un proche de Karl Marx. Il est emprisonné sous le Second Empire. Pendant la Commune, il est élu à 27 ans responsable de la commission du Travail, puis condamné à mort par contumace par les versaillais. Ouvrier d’orfèvrerie, puis correcteur, enfin journaliste, il travaille et milite dans de nombreux pays d’Europe (Hongrie, Autriche, Allemagne, France, Grande- Bretagne). Véritable internationaliste, son parcours militant et ses articles montrent l’aspiration à un socialisme révolutionnaire qui réaliserait l’autoémancipation ouvrière.
Voir : https://macommunedeparis.com/2021/01/30/leo-frankel-communard-sans-frontieres-de-julien-chuzeville/
Eugène Varlin Ouvrier relieur 1839-1871 par Michèle Audin
Ce livre rassemble tous les écrits retrouvés à ce jour de Eugène Varlin, l’une des grandes figures de L’Association Internationale des travailleurs et de la Commune de Paris. L’ensemble constitue comme une autobiographie de l’Internationale en France, à la fin du Second Empire, et met en lumière les ouvriers boulangers, mineurs, ciseleurs, ovalistes qui luttent pour changer la vie.
Dictionnaire de la Commune de Bernard Noël
La Commune de Paris n’en finit pas d’interroger les historiens. Les trois mois qui séparent l’instauration d’un pouvoir insurrectionnel en mars 1871 de sa terrible répression lors de la Semaine sanglante ont donné naissance à une abondante littérature plus ou moins engagée. Pourtant l’événement pose encore de multiples questions. La démarche de Bernard Noël est originale. S’appuyant sur un travail inédit de collecte des journaux de l’époque, il propose un exposé exhaustif de toutes ces informations, laissant aux lecteurs le soin d’établir les relations, et donc, les interprétations à partir de ces matériaux bruts. Les hommes, les faits, la vie quotidienne des communards sont ici relatés selon un classement alphabétique qui facilite la recherche.
Voir : http://acontretemps.org/spip.php?article841
[…] La Commune de 1871 Hommage aux Reclus Le « Le Temps des Paysans » sur ARTE #02 […]
[…] La Comuna de 1871 […]